Vitrines est une installation que j’ai réalisée en 2009. Elle se compose de deux vitrines particulièrement basses en bois avec leurs vitrages respectifs en plexiglas. Chaque vitrine est tapissée avec de la moquette bleue. Ces vitrines montrent des empreintes de mon visage et de mes mains en cire . Sous chacune des pièces exposées se trouve un cartel métallique anonyme.
Cette installation force, par ces dimensions inhabituelles, le visiteur a fournir un effort supplémentaire en l’obligeant à se baisser pour observer ce qu’il y a à voir dans les vitrines. Cette œuvre est une critique de l’attitude désinvolte du public qui majoritairement ne fait que survoler les œuvres présentées dans les expositions, et qui considère cette activité comme un pur divertissement grisant et flatteur, car associé aux coutumes de l’élite sociale. Parfois, ils ne prennent même plus le temps de regarder et ne font que prendre des photographies avec leurs téléphones « intelligents » . L’externalisation de la mémoire offerte par ces nouveaux dispositifs numériques est un leurre dangeureux qui a tendance à favoriser l’inverse, c’est à dire la perte pure et simple de mémoire.
Cette œuvre fait également allusion aux différents scandales de spoliations opérées et entretenues par les grandes institutions muséales de la planète. L’avidité et le désir de puissance en sont les moteurs et permettent aux vainqueurs de l’Histoire, sous couvert de préservation et de conservation d’un patrimoine de l’Humanité qui serait menacé, de perpétuer l’humiliation des vaincus et de symboliquement maintenir leur pouvoir en place.
C’est comme si j’avais profané la sépulture d’une civilisation ancienne et que j’avais ramené les objets rituels qu’elle contenait en leur conférant, par mon acte prédateur, le statut de trésors pour l’Humanité. Cette attitude sert essentiellement, selon moi, à dissimuler les véritable enjeux liés au pouvoir symbolique que confère l’accaparement de ces artefacts.