Schilitigheim, France – septembre 2021
Sur la plage abandonnée est une œuvre en mosaïque que j’ai réalisée suite à la demande de Michèle Quéva qui souhaitait que j’intervienne sur les murs extérieurs de sa maison. Cette œuvre est composée de trois parties : une pièce principale qui donne sur la terrasse du jardin, et deux autres plus petits ensembles de pièces qui s’égrainent le long du mur qui mène jusqu’à la porte d’entrée de la maison.
Le titre de cette peinture (en mosaïque) renvoie, dans un premier temps, aux années 60, cette période prétendument « bénie » de l’histoire de France, pleine des heureux souvenirs de jeunesse de la génération des baby boomers. Ainsi, il fait écho aux premières paroles de La Madrague, cette chanson culte chantée par Brigitte Bardot à cette époque.
Simultanément, ce titre renvoie aussi à l’image désastreuse de la pollution de notre environnement par les déchets de tout type qui se retrouvent abandonnés sur les plages du monde entier. Ce sont essentiellement des détritus issus de la société de sur-consommation portée et nourrit par cette même génération des baby bommers et leurs parents.
L’insouciance d’une époque mythifiée a désormais cédé la place à une prise de conscience imposée par cataclysme écologique en cours. Qu’est ce qui a été abandonné sur cette plage ? Peut-être simplement une idée du bien commun au profit d’un individualisme forcené avide de possessions toujours plus inutiles et à usage unique.
De nos jours, il y a de moins en moins de coquillages et crustacés dans nos mers et nos océans, et la faune sous-marine s’étouffe en ingérant des sachets plastiques qu’elle prend pour des méduses.
La bakélite que chantait Serge Gainsbourg dans son tube Sea Sex and Sun, s’est tranformée en sixième continent, ce monstre d’un nouveau genre qui asphyxie notre planète.
Les formes que l’on voit dans cette peinture sont aussi peut-êtres les nouvelles espèces d’animaux bizarres, issus des mutations génétiques induites par l’absorption de microparticules de matière plastique dans leurs tissus et dans leurs organes.
J’ai fabriqué moi-même les tesselles qui ont servi à composer cette mosaïque. Ainsi, j’ai pu librement créer les formes et leur donner précisément la couleurs et l’apparence que je souhaitais. L’ensemble des pièces sont maintenues au mur à l’aide d’une colle pour carrelage extérieur.