Mur est une installation réalisée pour la première fois en juin 2007 lors d’une exposition qui s’est tenue à la galerie Merat Workteam à Strasbourg.
Cette installation se compose de 30 briques en carton peintes chacune sur leurs six faces de telle sorte à ce que une fois assemblées dans le bon ordre elles composent une grande paroi sur laquelle se trouve un type d’intervention plastique.
Ce dispositif permet de composer six murs différents. C’est un mur qui contient en son sein six autres murs potentiels (et beaucoup d’autres encore quand les cartons sont assemblés de façon aléatoire).
Sur chacun de ces six murs j’ai présenté une manière d’appréhender l’espace public de la ville : une face est recouverte par un graffiti SERT, une autre par un slogan dont la phrase est « David Sibieude était là le 29 juin 2007 … « , une autre par un autoportrait, une autre par une composition graphique abstraite constituée de pochoirs et de dessins réalisés avec du scotch orange, une autre par une peinture illustrative et une dernière par une autre composition abstraite faite d’entrelacs de lignes noires.
Le mur est pour moi le premier symbole de l’architecture comme établissement humain sur un territoire donné. Le mur, comme construction élémentaire servant à se protéger des éléments naturels (météorologiques ou monde animal), servant aussi à signifier une zone à laquelle on attribue une fonction singulière.
Cette structure en briques évoque aussi les puzzles pour enfant composés de cubes de bois. Cela lui confère un caractère ludique qui invite à modifier et recomposer le mur à sa guise.
Par cette installation, je souhaitais montrer une dimension absurde de la ville et de la construction de manière générale. En effet, alors que spontanément elle semble durable et solidement ancrée dans son sol, une ville peut être détruite rapidement ou sur un temps plus long par une catastrophe naturelle, une guerre, une révolution, l’érosion des matériaux … Ce qui m’intéressait c’était de montrer métaphoriquement que ce sont, peu ou prou, les mêmes pierres qui sont réutilisées successivement pour construire d’une époque à l’autre les bâtiments. Les blocs de pierre des anciens édifices servent aux nouveaux et ceci dans une continuité infinie. C’est comme si, d’une certaine façon, ces murs pouvaient se mouvoir, se déplacer par-delà les siècles. Ce paradoxe apparent donne une grande charge poétique à cette installation.
Ce dispositif n’a été, à ce jour, présenté qu’une seule fois lors de cette exposition.