Maquillage est une vidéo d’une durée de 3 minutes et 25 secondes que j’ai réalisée à l’aide d’une caméra DV en 2010. J’ai également conçu la bande sonore qui accompagne celle-ci. Elle fait partie d’une ensemble de trois vidéo, avec Repas et Basketball, qui traitent de la dimension répétitive et absurde de nos gestes quotidiens.
Cette vidéo traite d’une autre forme de solitude propre à nos modes de vie contemporains mais cette fois-ci par le prisme d’un jeu anthropologique imposé par la société de consommation qui se manifeste par ce besoin qu’éprouvent une majorité de personnes à se maquiller et à arborer un masque social prétendument convenable. On y voit une jeune femme seule, face à son miroir, en train de lutter avec l’image que lui renvoie celui-ci. C’est dans un va-et-vient étourdissant, entre la tentative de dissimulation de sa nature trop humaine sous des couches de maquillage successives et la résignation froide qui la saisit quand elle se démaquille ou doit recommencer afin d’améliorer l’illusion de la maîtrise de son corps et de sa destinée, qu’on perçoit la fragilité de sa condition et par extension de la notre simultanément. Encore une fois, comme dans Repas, le spectateur se retrouve dans un position ambivalente, comme s’il se situait derrière un miroir sans tain. Tel un voyeur discret. Au final, qui observe qui ?
Le traitement saturé de l’image et le recours à des filtres colorés criards renforce la dimension contrainte et imposée de l’attitude, du geste entretenu par cette jeune femme, que lui dicte la société de consommation dans laquelle nous évoluons et essayons de survivre.
La répétition absurde de ces gestes laisse apparaître un autre aspect de cette société qui tend à nous aspirer comme le ferait un vortex dans un puit sans fond.
Je n’ai présenté cette vidéo, à ce jour, qu’une seule fois lors d’une exposition individuelle que j’avais organisée dans mon appartement en juin 2010.