Échelle est une installation réalisée pour la première fois dans les toilettes de l’École des Beaux-Arts de Saint-Étienne en 2005. Par la suite, elle a été présentée en juin 2007 lors d’une exposition qui s’est tenue à la galerie Merat Workteam à Strasbourg.
Cette installation se compose d’une échelle en bois de dimension variable (en fonction des lieux où elle est exposée) et de deux miroirs circulaires. Comme on peut le voir, le dispositif créer l’illusion d’une échelle infinie qui traverse notre dimension spatiale et nous ouvre la voie vers d’autres mondes.
L’aspect visuel de cette installation rappelle étrangement la structure d’une molécule d’ADN qui est constituée de deux chaînes formant une double hélice.
Cette installation nous renseigne sur un paradoxe insurmontable et douloureux. En effet, quand nous sommes face à cette oeuvre, nous sommes attirés, aspirés par l’illusion des deux trouées produites par le dispositif. Le problème auquel nous sommes confrontés est que plus nous souhaitons voir le bout de l’échelle (l’endroit où elle invite à nous rendre) en regardant dans l’un des deux miroirs, plus notre corps obstrue notre vue dans le reflet de ceux-ci. Cela s’impose à notre conscience. En notre qualité d’être humain nous sommes constitués de deux temporalités qui semblent à jamais antagonistes : la première étant notre temporalité physique (celle de notre corporéité qui induit le dépérissement progressif des cellules qui compose notre enveloppe charnelle, autrement dit notre propre mort) et la seconde étant notre temporalité psychique (celle du monde des idées qui nous traverse tout au long de la vie, qui provient du fond des âges et nous survivra bien après notre mort). Bien que nous percevions ces deux temporalités comme inconciliables, nous sommes, en même temps, le réceptacle de cette réalité pardoxale. Ainsi, j’ai compris, depuis que j’ai créé cette œuvre, qu’une majeure partie (si ce n’est la totalité) des déboires, des difficultés, que nous rencontrons en tant qu’être humain, étaient justement dus au fait que nous sommes précisément ce point d’articulation entre ces deux temporalités contradictoires.
Ce qui est intéressant dans cette installation c’est le caractère unique du dispositif renouvelé à chaque exposition. En effet c’est à chaque fois une nouvelle échelle que je dois trouver et qui sera découpée exactement aux dimensions du lieu où elle va être accueillie, de telle sorte à ce qu’elle maintienne, par compression, les deux miroirs qui complètent le dispositif. Aucune échelle ne peut servir deux fois, sauf quand la hauteur de l’espace où elle est exposée se réduit : dans ce cas précis je peux la couper pour la réemployer.